Résumé :
Résumé de l'auteur : Durant la seconde moitié du XVIe siècle, le manuscrit n’est plus le principal vecteur de la diffusion du savoir, puisqu’il a été supplanté par l’imprimé. On peut dès lors s’étonner de voir le cardinal Charles de Lorraine commander à un calligraphe grec, durant la décennie 1550, la copie de plusieurs manuscrits. Pourquoi une telle commande alors que l’âge du codex était désormais révolu ?
Un premier élément de réponse est que le manuscrit n’est plus seulement au XVIe siècle un objet d’érudition que fréquentent les philologues : c’est désormais un objet de collection que se disputent les élites régnantes. Les sept manuscrits copiés par Constantin Palæocappa pour le cardinal de Lorraine s’affichent dès leur page de titre comme des manuscrits d’apparat qui chantent la louange de leur commanditaire. Durant la seconde moitié du XVIe siècle, on recherche aussi les textes rares, inédits et curieux afin d’être le premier à les mettre sous presse. Enfin, le cardinal de Lorraine, un des principaux acteurs de la contre-Réforme, entend retrouver dans les sources grecques les preuves que les dogmes catholiques sont en accord avec l’Eglise des origines. Palæocappa n’a pas déçu les attentes de son riche commanditaire, puisqu’en fait de textes nouveaux, il lui a offert une belle série de faux qui servaient sa croisade contre le camp réformé. Cette présentation s’interrogera donc sur les créations hybrides de Palæocappa : comment a t-il inventé une nouvelle manière de confectionner des manuscrits grecs à la française ? Pourquoi et comment a-t-il forgé ses textes frauduleux ?