Résumé :
Le Quod Christus sit Deus est un texte de longueur moyenne (25 colonnes dans la Patrologie grecque de l'abbé Migne) attribué à Jean Chrysostome. Cette attribution reste pourtant incertaine. L'objectif de la thèse consistera en partie à en éprouver la validité. Cette œuvre est un recueil de testimonia, genre courant de la polémique religieuse. Il consiste à recenser des citations de l'Ancien Testament censées trouver leur réalisation dans le Nouveau Testament : la documentation est ici christologique, dans le sens où elle cherche à définir la place du Christ dans la théologie chrétienne. Dans le cas du Quod Christus sit Deus (que l'on pourrait donc traduire par ''Sur la divinité du Christ''), cette pratique exégétique porte ici sur la question du caractère divin du Christ. On date ce texte des années 370 à 390, mais cette datation a le défaut majeur d'être définie à partir de la biographie de son auteur supposé. Il s'agira donc de montrer pourquoi cette œuvre constitue un élément important dans l'étude de la littérature chrétienne des IVe et Ve siècles, au delà même de la question de l'attribution à Jean Chrysostome. Ce recueil de testimonia a pu être pour son auteur un aide-mémoire autour de la divinité du Christ dans le cadre de la polémique avec les juifs et les païens, selon le titre transmis par certains manuscrits, ou uniquement contre les païens, selon d'autres. On peut donc se demander quels étaient les véritables destinataires du texte, si ces deux groupes sont visés à égale importance. Cependant, si l'on étudie le contexte probable de rédaction, le Quod Christus sit Deus ne se révèle pas uniquement un texte de polémique ad externos, autrement dit dirigé contre les autres groupes (juifs, païens). La nature exacte de la divinité du Christ est en effet un point très discuté au sein même du christianisme. On peut faire l'hypothèse que notre texte serait un texte de polémique ad internos qui s'adresse aussi aux chrétiens, mais cette double visée doit encore être confirmée à l'épreuve du texte. Le Quod Christus n'a bénéficié d'une édition critique qu'en 1966 ; elle étudie la tradition grecque de l’œuvre, mais qui occulte complètement sa tradition orientale (un manuscrit arabe en particulier), ce qui lui donne un caractère incomplet. La thèse s'attachera donc à combler cette lacune, ainsi qu'à fournir la première traduction française moderne du texte. Une édition solide du texte permettra ainsi d'amorcer une véritable réflexion sur ce texte encore sous-estimé.